Véritable terre d’opportunité pour les entrepreneurs agricoles, ce secteur reste encore au Cameroun un des rares qui échappent encore au contrôle du fisc. Au Cameroun, le producteur n’est pas taxé sur sa production. Mieux encore, sur les ventes, l’État a accordé quelques exonérations au secteur agricole, notamment : la TVA sur le matériel agricole, l’imposition sur les ouvriers agricoles et bien entendu l’impôt sur les sociétés. Qu’est-ce qui freine donc l’émergence des agro businessmen comme c’est le cas à Tamale au Ghana ?
Tamale est la principale ville du Nord du Ghana située à 620 km d’Accra, une région qui avant 2018 peinait à nourrir sa population. Depuis quelques années elle organise régulièrement les rencontres des membres de l’association locale des agro businessmen.
Tout commence en 2018 lorsque la Banque Africaine de Développement (BAD) a décidé de financer le projet du gouvernement ghanéen dénommé « Technologies pour la transformation de l’agriculture africaine » (TAAT) axée sur le secteur privé. Le projet étendu sur la période 2020-2024 doté d’une enveloppe de 25 millions de dollars avait comme objectif : faire émerger une masse critique d’acteurs sur toutes les chaines de valeur qui s’appuient les uns sur les autres pour développer des agro-industries viables.
Pour cela il fallait fournir aux agriculteurs des fertilisants, des machines de dernière génération (tracteurs, pulvérisateurs à rampes, jardinières,…) et des techniques agronomiques poussées avec notamment des semences résistantes aux changements climatiques, lesquels sévissent dans les savanes en asséchant les sols. Même chose pour les activités pastorales, le programme fournit des financements aux fermiers, mais aussi des poussins pour l’élevage des poules notamment.
Résultat après quatre ans, la région a vu émerger des entrepreneurs agricoles, agro businessmen dans plusieurs secteurs de l’agro-industrie. L’émergence du made in Ghana est désormais une réalité, car l’on peut citer entre autres : Sayibu Mohammed dont la ferme affiche une capacité de 10 000 à 15 000 poules et produit 150 à 160 plaquettes d’œufs par jour, fournies notamment aux marchés, aux hôtels et restaurants ; Alhaji Mohammed Mashud qui en 2018 cultivait le riz et soja sur 10 hectares, en 2021 il a produit 5,3 millions de tonnes de céréales sur 453 hectares l’an dernier.
Revenu au Cameroun
C’est un peu plus de 3 856,9 milliards de FCFA selon l’INS que le Cameroun dépense chaque année pour les importations. En excluant les 53,1% réservés aux produits pétroliers, il reste quand même que le Cameroun importe chaque année pour plus de 650 milliards de FCFA dans le seul secteur denrée alimentaire.
Un pactole qui devrait stimuler les camerounais à prendre conscience qu’il y a du potentiel à exploiter. C’est une préoccupation de Global Capacity Nuilding Foundation (GCBF) à travers ses pôles d’interventions notamment : promotion du made in Cameroun, le management des performances et développement du droit des affaires le pole Doing business in Africa et more Women in politics.
Dans le volet promotion du made in Cameroun, GCBF a mis sur pieds une mutuelle d’inclusion sociale et de solidarité à l’horizon 2030 qui encadre les producteurs locaux de divers secteurs d’activités. L’agro-industrie est au centre de leurs préoccupations. GCBF entend contribuer à la transformation structurelle des cibles à travers les actions socio-économiques et humanitaires axées sur les objectifs de développement intégral et inclusif des peuples, ces actions concernent prioritairement le renforcement des capacités d’interventions des cibles institutionnelles, le développement des compétences, le soutien des processus d’autonomisation économiques des acteurs, l’appui à la compétitivité des producteurs locaux en alignement avec la stratégie nationale d’industrialisation par l’import substitution et le financement participatif et inclusif des dynamiques entrepreneuriales à l’orée de la zone de libre-échange continentale africaine.
« Il faut impérativement trouver des solutions endogènes à l’industrialisation du pays. »
Pr. Justine Diffo de (GCBF), promotrice du Doing Business in Africa et du made in Cameroon.
Il n’est pas rentable de produire des boissons conditionnées lorsque la colle blanche qui servira à poser les étiquettes doit venir de l’extérieur.