Le continent africain est très en retard dans le processus de croissance et de développement des États. Alors que le monde parle de la nanotechnologie, de l’exploration de l’espace, le continent Noir est encore en quête de sécurité alimentaire. Chaque être humain a le droit d’être à l’abri de la faim et d’avoir accès à une nourriture saine et nutritive, c’est le contenu de la déclaration de Rome sur la sécurité alimentaire en 1996. Plus de 25 ans après cette déclaration l’Afrique peine à nourrir ses fils. Une situation aggravée par les différentes crises sociales, économiques, guerres et plus récemment la pandémie de la Covid-19.
De concert avec les États africains, le Cameroun célèbre le 31 juillet de chaque année, la journée panafricaine des femmes.
« Cette journée qui symbolise la reconnaissance continentale du rôle joué par les femmes leaders africaines dans la lutte pour l’émancipation de la femme africaine, à travers leurs combats contre la colonisation et l’esclavage, permet d’évaluer les progrès réalisés, d’entreprendre des actions fortes et d’identifier les perspectives pour l’autonomisation des femmes et le développement de l’Afrique. »
Peut-on lire dans le communiqué du comité d’organisation JAF 2022.
Au cœur des préoccupations lors de cette journée de la femme africaine, la sécurité alimentaire.
Selon les résultats d’une étude rendue publique le 18 juin 2022 à Yaoundé par le Ministre de l’agriculture et du développement rural (MINADER) Gabriel Mbairobe, 2 865 906 personnes représentant 11% de la population sont en phase d’insécurité alimentaire aiguë du fait de l’augmentation des prix sur le marché. Un véritable paradoxe dans un pays où 68% des personnes recensées vivent en milieu rural et ont pour principales activités l’agriculture et l’élevage. Une agriculture paysanne, non durable et inadaptée aux défis du climat.
Le déficit de production des produits alimentaires et autres biens et services par rapport à la demande a accéléré la dépendance aux importations. Une situation à l’origine de la crise des devises qui paralyse les industries sur l’achat des matières premières et aggrave la vie chère.
A en croire les services du ministère des Finances, rien qu’au premier trimestre 2020, le pays a dépensé 190,6 milliards de FCFA pour importer 1 089 801 tonnes de biens pouvant être produits localement.
Face aux députés de la nation le 14 juin 2022, le Premier Ministre, Chef du Gouvernement, le Dr. Joseph Dion Ngute a évoqué quelques pistes de solution : la restriction de l’importation des produits pouvant être satisfaits par l’offre locale et par le relèvement graduel de la taxation des biens importés que peut produire réellement le pays, la lutte contre la contrebande et la contrefaçon et la mise en place de mécanismes incitatifs au double plan fiscal et douanier.
Dr. Dion Ngute a ensuite insisté sur la production nationale des denrées de grande consommation en qualité et en quantité suffisante pour leur disponibilité, la réduction des pertes des produits animaux et halieutiques ; la promotion du mécanisme agricole et la transformation des produits locaux. Le Cameroun importe pour plus de 650 milliards de Francs CFA en moyenne depuis trois ans de produits alimentaires (poissons, riz, sucres, blé et autres) destinés à la consommation. Raisonnement simple, il y a un marché de 650 milliards de FCFA rien qu’au Cameroun pour tout entrepreneur dans le secteur agricole et agro-industriel.
La célébration de la 60ème édition de la JFA qui se déroulera en deux grandes étapes dont une préparatoire et l’autre consacrée à la célébration proprement dite sera marquée par des activités de communication et formatives diverses. Le but étant d’orienter les femmes vers les solutions d’import-substitution par l’entreprenariat agricole.
Le 2 mai 2022 la Banque mondiale a approuvé un crédit de 100 millions de dollars (plus de 60 milliards de FCFA) à l’Association Internationale de Développement (IDA) afin d’aider le Cameroun à renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle et à accroître la résilience aux chocs climatiques chez les ménages et les producteurs ciblés par le projet. Le programme va soutenir les 159 000 agriculteurs, éleveurs et pêcheurs touchés par la crise dans les régions de l’Extrême-Nord, du Nord, du Nord-Ouest, du Sud-Ouest, de l’Adamawa et de l’Est, il contribuera aussi à améliorer la productivité et l’accès aux marchés dans les secteurs de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche.
Des opportunités à saisir par les femmes à l’honneur le 31 juillet prochain car selon Global Capacity Building Foundation, il existe une multitude de niches de financements des projets et initiatives de développement.