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24 avril 2024

La revenge de Mason Ewing contre Lucien et Jeannette Ekwalla pour le meurtre de sa mère
Crédit photo : Mason Ewing

La revenge de Mason Ewing contre Lucien et Jeannette Ekwalla pour le meurtre de sa mère

En séjour au Cameroun, c’est du haut du balcon d’un appartement dans lequel il a vécu que Mason Ewing est scandalisé de constater que chaque jour à 4h00 du matin, alors que les hommes se retournent encore dans leurs couettes, les femmes sont déjà debout pour subvenir aux besoins leurs familles, qu’elles soient mères de famille ou simplement des jeunes filles. Au Cameroun c’est à 4h00 du matin que les vendeuses de vivres frais, également appelée « Bayam sellam », et opératrices du secteur informel se lèvent dans cette société où l’obscurantisme prive ces mamans de leurs droits parfois les plus élémentaires.

Comme plusieurs autres organisations, Mason Ewing se bat non pas pour une journée dédiée à la femme, mais que tout le mois de mars leur soit consacré.

« La femme c’est tout, sans elle rien n’existe ».

Disait Mason Ewing le 8 mars 2022, un jour qui marquera un nouveau tournant dans sa vie. Il ne cesse de se souvenir de sa maman et de ses frères jumeaux arrachés à la vie par la méchanceté, l’égoïsme et la cupidité de sa tante et de son oncle, Jeannette et Lucien Ekwalla, c’est pourquoi il a décidé de les citer devant la justice camerounaise et française pour meurtre.

Née à Douala en 1923, Elise Ndoumbe a perdu sept de ses douze enfants et n’avait donc plus que Samuel Nkake, Kouambe Jacques, Annette Soue, Jeannette Molle Ekwalla et Paul Ebobse.

Annette Soue a mis au monde une fille très rattachée à la famille – Marie, une femme merveilleuse, respectueuse, belle, mannequin, styliste et modéliste aimée de tout le monde selon les témoignages d’un membre de la famille rencontré dans le domicile familial Rue Pau-Akwa. Maman Marie, surnommée Dodo, était la mère de Mason Ewing qui, enceinte des jumeaux de sept mois, se fera avorter sous la pression d’un membre de la famille, Jeannette Molle Ekwalla. En effet, cette femme mariée est parvenue à convaincre sa nièce Marie de se faire avorter puisqu’elle voulait à tout prix que celle-ci épouse un Blanc français.

L’avortement à sept mois de grossesses a conduit Dodo à sa mort.

« Quand ils l’ont emmenée voir les médecins, ils auraient pu la sauver, mais personne n’a rien dit et ma pauvre mère Marie est décédée, assassinée par sa propre famille. Il est important de préciser que ma tante Jeannette Ekwalla était soi-disant très proche de ma mère. Elle l’aimait tellement qu’elle a fini par l’assassiner, elle et ses enfants. Par la suite elle a remis ça me prenant moi, son fils, tandis que je vivais heureux à la rue Pau avec mon arrière-grand-mère Elise Ndoumbe ».

Explique Mason Ewing qui, durant ce mois dédié à la femme, se montre très attentif à l’émancipation de la femme camerounaise et africaine et aux droits de la femme. Il entend demander des comptes sur le décès de sa maman.

« Tout enfant sur cette Terre aime sa maman et veut comprendre pourquoi une maman en parfaite santé est morte, précise Mason. Ma chère tante et surtout son mari Lucien Ekwalla ont tué ma mère et ses deux enfants pour de l’argent. C’est pour cela qu’aujourd’hui je compte m’assurer que justice soit faite ».

Mason Ewing

Selon les témoignages, l’arrière-grand-mère Elise Ndoumbe ne s’est jamais remise de la mort de sa petite-fille de 20 ans qu’elle aimait plus que tout. Elle savait ce qui s’était passé et qui avait causé la mort de Dodo. Même chose pour Mason Ewing qui pense qu’un enfant ne peut jamais oublier les liens qu’il a tissé avec sa mère, car selon lui :

« Même si elle est morte elle vivra toujours à travers moi. D’ailleurs, un jour je compte écrire un scénario dramatique sur la mort de ma mère et réaliser un film à ce sujet. Parce que la moralité de cette histoire est que les femmes africaines pensent beaucoup trop que la France est l’eldorado alors que ce n’est pas le cas ».

Mason Ewing

Mason Ewing avait confié au Los Angeles Times qu’il s’était lancé dans la mode en mémoire à sa défunte mère mannequin.

Jeannette Ekwalla était très aimée dans la famille, très aimée par sa mère, l’arrière-grand-mère de Mason, qui d’ailleurs aimait tous ses enfants selon le témoignage reçu. Mère d’une fille nommé Emma Dalle qui est elle-même aujourd’hui maman de deux enfants, Jeannette Ekwalla était une femme de toute beauté, telle que le décrit Mason Ewing dans son livre autobiographique Les Yeux Du Destin.

« On aurait dit une actrice des séries télé des Blancs. Elle était grande, élancée, vêtue d’un magnifique tailleur blanc et noir, un chapeau assorti aux chaussures et au sac à main également blanc et noir. C’était une femme sublime digne d’Hollywood ».

Les Yeux du Destin, Mason Ewing, 2019

C’est ainsi que Mason décrit sa tante le jour où après la mort de sa maman, celle-ci est venue le chercher au Cameroun pour le ramener en France.

Mason Ewing s’est déjà confronté à Jeannette Ekwalla et son mari au tribunal pour les traitements inhumains que ce couple lui a infligés lorsqu’il était enfant.

« Je me rappellerai toujours le bonheur qui m’a envahi quand j’ai appris que j’allais vivre en France. Je m’imaginais prendre l’avion et retrouver ma mère. Je courrais partout et je sautillais. J’avais même dit à mon amie Huguette et à sa sœur Sarah que j’irais bientôt au ciel retrouver ma maman. À présent, je me dis que quand on est un enfant, on est vraiment naïf. »

C’est un extrait du livre Les Yeux Du Destin de Mason Ewing, une œuvre qui retrace la souffrance d’un enfant arraché à sont arrière-grand-mère après le décès de sa maman dont les Ekwalla sont responsable.

Âgé de six ans, Mason n’imaginait pas ce qui l’attendait en France lorsque sa tante est venue le chercher chez sa grand-mère bisaïeule qui le comblait d’affection. Il subira rapidement les pires atrocités que tout être humain puisse subir. Voici un extrait de Les Yeux Du Destin pour plus de contexte :

« Je pleurais toutes les larmes de mon être. Je leur disais pardon, que ce n’était pas moi. Mon oncle m’a encore frappé en demandant que si ce n’était ni Anne Carine ni moi, comment se faisait-il que les bonbons se soient retrouvés dans nos poches ? Quand il eut fini de me battre, il s’est rassis et là, ma tante s’est jointe à lui et ils nous ont posé des questions. Pourquoi avions-nous volé ? Mon oncle a dit que si on allait voler, c’est qu’on n’avait rien à manger à la maison et que, pour la peine, ce soir, on était privés de repas. Ça nous apprendrait. Présente durant toute la scène, Pauline n’a pas ouvert la bouche pour nous défendre. Je ne sais même pas si elle a eu pitié de nous. Achille a pris un malin plaisir.

Furieuse, ma tante ne comptait pas en rester là. Pour elle, qui n’avait pas oublié la scène de l’eau de javel, c’était la goutte d’eau qui faisait déborder le vase. Elle est partie dans la cuisine, a ouvert le frigidaire. J’ai dû la suivre à la salle de bains et là, l’impensable s’est produit, la chose la plus atroce que j’aurais vécue du haut de mes 6 ans. Même au Cameroun je n’avais jamais subi une punition aussi atroce. Dans le frigidaire, ma tante avait pris le gros pot de piment. Pour moi, c’est le mélange le plus fort au monde : quelques piments rouges, des oignons, de l’ail et autres condiments africains, de l’huile et du poivre, l’ensemble passé au robot mixeur et placé dans un gros pot en porcelaine. Je ne sais pas s’il vous est possible d’imaginer le piment camerounais, mais il pique fortement. Mais ma tante a donc rapporté le pot dans la salle de bains. Puis elle a posé le bocal dans le lavabo, s’est approchée de moi et m’a forcé à ouvrir mes yeux en grand. Je ne voulais pas, je les fermais. Elle a insisté, m’a giflé, a mis ma tête en arrière et m’a ouvert les yeux de force. Je criais, je hurlais, je la suppliai de ne pas faire ça mais malgré toutes mes supplications, avec une petite cuillère, elle m’a versé de la purée de piment dans les yeux et m’a forcé à les ouvrir. À travers mes larmes, je criais, je n’arrêtais pas de sauter partout. Je demandais pardon, lui promettait que plus jamais je ne recommencerais, je la suppliais de me laver le visage et cette femme qui était avec moi dans la salle de bains me voyait la supplier et hurler de douleur. Elle est restée de marbre, se comportant comme si ce qu’elle faisait lui était totalement égal. Puis, elle m’a dit que j’allais le garder pour l’instant et que je l’enlèverais quand elle l’aurait décidé. Je n’ai pas arrêté de pleurer et au bout de quelques heures, elle m’a demandé de retourner dans la salle de bains pour me laver le visage. J’étais tellement heureux d’entendre cela parce que mes yeux me brûlaient tant. Je me suis dirigé en direction du lavabo, j’ai pris le savon et ai commencé à me laver les yeux. La tête sous l’eau, j’ai réalisé à quel point l’eau froide me faisait du bien ! Tous ces jets d’eau me soulageaient. Je me suis encore remis du savon sur le visage et, après avoir fermé le robinet, j’ai essayé d’ouvrir mes yeux mais à chaque fois ça me brûlait énormément. Mes yeux n’arrêtaient pas de cligner. Je me les suis essuyés avec un torchon et ça m’a vraiment fait du bien. J’ai essayé de me regarder dans une glace, après quoi je suis retourné dans le salon. Je me suis assis dans un coin, au sol, et n’ai plus rien dit. Mon oncle et ma tante ont continué à manger, parler, rigoler, comme si de rien n’était. »

Les Yeux du Destin, Mason Ewing, 2019
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