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12 décembre 2024

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La nécessite d’augmenter les prix des boissons au Cameroun

Crédit Photo @ Ecomatin

 « Au Cameroun le gouvernent encourage les jeunes à boire pour noyer leurs soucis » .Cette phrase  est sur toutes les lèvres depuis la hausse du prix du carburant qui a entrainé une augmentation généralisée des produits de grandes consommations y compris le transport, ce malgré les menaces du gouvernement.

Les pouvoirs publics font-ils express de laisser les prix des boissons, bières inchangés mettant en péril cette  filière déjà à l’agonie ? 

L’industrie brassicole est un secteur important de l’économie camerounaise. Elle génère des centaines de milliers d’emplois directs et indirects. Elle contribue également de manière significative à l’assiette fiscale du pays.

En externalisant toutes les activités ne relevant pas de son cœur de métier, les entreprises brassicoles promeuvent l’entrepreneuriat local. Cette stratégie permet d’offrir, chaque année, plus de 400 000 emplois dans la distribution, le transport et la logistique, les prestations locales et la sous-traitance. C’est une façon de faire confiance au savoir-faire et à l’expertise des Petites et Moyennes Entreprises (PME) camerounaises dans de nombreux domaines.

Cependant, l’industrie brassicole est confrontée à une série de défis qui menacent sa viabilité à long terme. Ces défis comprennent :

Une augmentation des charges fiscales 

La loi de finances 2024 a supprimé l’abattement sur les droits d’accises pour les bières et a réduit de plus de moitié celui des boissons gazeuses. Cette mesure représente une augmentation de la charge fiscale de 12 milliards de FCFA pour les producteurs d’alcool.

Une hausse des prix des matières premières 

La crise russo-ukrainienne et la période post-Covid ont entraîné une hausse significative des prix des matières premières et consommables utilisés dans la production de boissons : malt (+50% vs 2022), gritz de maïs (+35% vs 2022), alcool bon goût (+18% vs 2022), énergies (+16% vs 2022). Et cette tendance inflationniste se poursuit.

Une augmentation des coûts de l’énergie et de la main-d’œuvre 

Les tarifs de l’électricité et des produits pétroliers ont augmenté, ce qui a également pesé sur les coûts de production.

En fin 2023, le taux d’inflation au Cameroun a atteint une moyenne annuelle de 7,8%. Cette augmentation est principalement due à la hausse des prix des produits alimentaires et des transports, avec des taux d’inflation respectifs de 12,8% et 11,5%. Les prix des boissons quant à eux sont restés inchangés, contre le cours normal des tendances du marché local.

Malgré tous ces vents contraires, les industriels du secteur ont affronté seuls cette situation pendant plus de 2 ans afin de protéger leur écosystème et leurs partenaires, dans l’espoir que la crise inflationniste serait passagère. A l’évidence, cette crise s’est installée et place les producteurs de boissons face à une situation financière difficile. Ils ont déjà absorbé une partie des coûts supplémentaires, mais ils sont désormais contraints de demander une augmentation des prix pour pouvoir continuer à assurer leurs obligations.

L’un des enjeux majeurs est l’investissement dans l’augmentation des capacités de production des boissons. Dans ce sillage, les sociétés membres de la Cameroon Alcohol Producers Association (CAPA) ont engagé depuis quelques mois des projets très importants dont l’objectif est d’assurer la bonne disponibilité des produits dans toutes les régions, afin de pérenniser l’activité des exploitants des débits de boissons et de tous les acteurs qui gravitent autour. La rentabilité des entreprises brassicoles en décroissance année après année met en péril ces projets d’investissements qui sont profitables à tout l’écosystème : distributeurs, barmen, consommateurs et l’État y compris.

Il est important de rappeler que la hausse des prix des boissons est déjà effective chez les détaillants. En effet, dans la pratique ces derniers augmentent unilatéralement les prix destinés aux consommateurs finaux. Cette situation est préjudiciable aux consommateurs, qui subissent illégalement cette hausse des prix et engendre d’importantes fuites de recettes fiscales au détriment du gouvernement camerounais.

Le fait majeur portant sur une augmentation des droits d’accises, à hauteur de 15 FCFA pour les boissons gazeuses et de 10 FCFA pour les bières, renforce la difficulté de des entreprises brassicoles, déjà au bord de l’implosion. Elles ne sauraient supporter seules le poids de l’impact de la politique fiscale du gouvernement. Par conséquent, à défaut d’une hausse de 50 FCFA par bouteille de boisson telle qu’initialement préconisée par la CAPA,  le compromis acceptable est de répercuter le surcroit de ces droits d’accises sur le prix de consommation final. Le consommateur aura alors la liberté de choisir de payer ou pas les répercussions fiscales imposées par le gouvernement sur les prix des boissons.

Cette hausse modérée ne pourrait être convenable pour les industriels qu’à la seule condition du maintien de la base de calcul de DA (droit d’accises) identique à celle en vigueur à ce jour. Cette augmentation, conjuguée aux nouvelles dispositions de la loi de finances 2024, permettra ainsi à l’État de prélever en sus la TVA additionnelle, et laissera la marge de manœuvre nécessaire, pour amortir  la charge des sociétés brassicoles, apportant par la même occasion une réponse aux revendications des distributeurs et des barmen.

L’augmentation des prix serait nécessaire pour garantir la viabilité à long terme de l’industrie brassicole. Cette industrie est un important moteur de l’économie camerounaise, et sa disparition aurait des conséquences négatives sur l’emploi et les recettes fiscales.

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