L’ambassadeur de Chine a salué il y a quelques jours, ce qu’il a appelé un don sans contrepartie de la Chine au Cameroun, il parlait du nouvel immeuble de l’assemblée nationale.
L’empire du milieu a mis à la disposition du Cameroun 54,5 milliards FCFA de financements non remboursables pour la construction de l’immeuble de l’assemblée nationale. Sans appel d’offre, l’entreprise chinoise Beijing Urban Construction Group a été choisie pour la réalisation de l’ensemble des travaux. Pourtant l’État du Cameroun exige aux entreprises adjudicataires des marchés d’envergure étrangères de sous-traiter au moins 30% des prestations aux entreprises locales outillées.
Le bâtiment offert par la Chine arrivé au stade des finitions (travaux de plomberie, d’électricité, de carrelage, de peinture entre autres) a connu un temps d’arrêt long. Sur le site, l’entreprise a évoqué la pandémie du Coronavirus, pourtant plusieurs structures chinoises poursuivent les travaux sur le terrain depuis le début de cette pandémie.
350 ouvriers venus de Chine pour les travaux de finition
Selon des investigations, la vraie raison de ce retard est le manque de volonté de collaborer avec les prestataires locaux, l‘entreprise chinoise produit elle-même toute la matière première à savoir le ciment colle, colle à bois, ciment d’étanchéité, enduit de lissage etc. Le groupe chinois a fait le tour des entreprises locales spécialisée dans les produits de finitions non pas pour des prestations de services, mais pour comprendre les sources d’approvisionnement locales. C’est ce qui aurait justifié l’importation de 350 ouvriers chinois pour disent-ils les travaux de finition.
Espionnage chinois et l’exemple du siège de l’union africaine
En 2014 le Yémen annulait un contrat octroyé à BUCG sur la construction du terminal aérien après avoir déployé l’armée et arrêté les employés chinois sur le site. Le gouvernement yéménite arguait que BUCG agissait sous la direction et le contrôle du gouvernement chinois, celui-ci étant l’ultime décisionnaire s’agissant des décisions opérationnelles, de direction et stratégiques. Pour appuyer sa position, le Yémen mentionna certaines caractéristiques de la loi chinoise applicables aux entreprises publiques en général, et à BUCG en particulier.
Pour devenir leader dans le domaine des technologies, la Chine a fait recourt à l’espionnage. Elle ne s’est pas limitée à la technologie. Une étude révélée en 2018 par les journalistes de Le Monde et du Financial Times mettait en scène l’espionnage organisé des bâtiments du siège de l’Union africaine, à Addis Abeba. La construction avait été effectuée, six ans plus tôt par une entreprise chinoise d’État, la China State Construction Engineering Corporation.
Il a fallu cinq ans à l’Union africaine pour découvrir le pot aux roses :
« Les bâtiments étaient truffés de micros, et les systèmes informatiques équipés de ce qu’on appelle des “backdoors”, autrement dit des options qui permettaient aux services chinois d’aspirer, chaque nuit, l’intégralité des documents figurant sur les ordinateurs. De là à penser que plusieurs des 186 bâtiments gouvernementaux construits en Afrique sont équipés du même type de système d’espionnage, il n’y a qu’un pas. Le rapport ne le franchit pas mais rapproche les deux constats. »
La Chine est le premier créancier du Cameroun et détient plus de 64% de la dette publique bilatérale. Premier client du Cameroun, elle exporte les matières premières (pétrole, bois, l’or, elle cultive du riz à Naga Eboko dont l’essentiel de la production est exportée vers la Chine), le Cameroun est le premier pays où la Chine détient le plus de terres, aucune traçabilité au Cameroun sur l’exploitation anarchique d’or et de diamant par les chinois à l’est du Cameroun.
La relation sino-camerounaise après le point d’achèvement de l’initiative PPTE a été marquée par la corruption des fonctionnaires et autorités, les chinois sont devenus une grosse menace pour l’environnent des affaires au Cameroun. La Chine-Afrique s’annonce plus violente et plus dévastatrice qu’était la France-Afrique. En 2013 l’ex-gouverneur de la banque centrale du Nigeria, Lamido Sanusi déclarait :
« L’Afrique doit se débarrasser de sa vision romantique de la Chine et accepter le fait que Beijing est autant un concurrent qu’un partenaire et est capable de mener les mêmes pratiques d’exploitation que les anciennes puissances coloniales ».