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25 avril 2024

André Siaka veut revenir au Gicam en imposant son pion

L’agitation relayée dans quelques titres de la presse ou des cyberjournaux ces derniers jours, suivie du rythme impressionnant des réunions qui se succèdent dans les 2 domiciles d’André Siaka de Bali et de Bonapriso, ou chez son poulain Emmanuel Waffo, non loin de l’aéroport de Douala, ont dévoilé un secret de polichinelle. André Siaka a décidé de revenir à la tête du Gicam où il aura passé plus d’une quinzaine d’années. Ce qui ne manque pas de choquer certains membres de l’organisation :

« André Siaka qui jouissait déjà d’une réputation usurpée de bâtisseur du patronat camerounais ne correspond plus au niveau atteint par le Gicam sous son actuelle gouvernance, pour ambitionner d’y revenir ».

Non sans préciser :

« À moins que cela ne soit un complot ourdi avec ses amis de Yaoundé our s’emparer du Gicam et le ramener 20 ans en arrière ».

En effet, patron du groupe Castel au Cameroun, nos sources se souviennent qu’André Siaka avait hérité de la présidence du patronat où son vrai bilan n’a jamais véritablement été fait.

Sous sa longue présidence, apprend-on, le Gicam avait sérieusement pris de l’eau et entamé une véritable descente aux enfers. Certains observateurs, des anciens dissidents du Gicam précisément, pointent du doigt une gouvernance tatillonne s’expliquant par plusieurs raisons à savoir : un décideur mou et hésitant ; un patronat politisé ; un président clivant. Décideur mou et hésitant. En effet, certains membres fondateurs du Gicam évoquent avec beaucoup d’amertume le nom de l’ancien patron du groupe Castel. Pour eux :

« André Siaka a incarné un Gicam mou, à la solde et à la remorque du gouvernement et des pouvoirs publics ».

Et d’ajouter, très déçus :

« Il n’a jamais mené et conduit une réforme forte au profit des adhérents et des entreprises ».

Peu courageux et sans souci d’indépendance, sa présidence était effectivement molle et transparente. Pire, et selon plusieurs témoignages, il a régulièrement été soupçonné d’être à la solde du gouvernement. Dès lors, qui peut être surpris d’apprendre qu’il ait parrainé une candidature qui a montré toute sa proximité et son inféodation au parti au pouvoir lors des dernières investitures pour les sénatoriales à Bandjoun ? Les révélations de la presse ne sont pas un scoop, loin s’en faut.

Patronat politisé

Selon des sources proches de son entourage de l’époque, André Siaka avait délibérément politisé le Gicam dans le but de servir son ambition personnelle. Les adhérents de ce mouvement patronal avaient ainsi découvert en 2003, médusés, leur président arborant fièrement la tenue et l’écharpe du Rdpc lors d’une réunion de ce parti à l’Ouest.

« Ce constat avait ému et créé une onde de choc auprès de l’ensemble des membres de ce mouvement patronal ».

Nous confie un ancien membre du Bureau exécutif du Gicam.

Et pourtant, conformément à ses dispositions statutaires :

« Le Gicam est une association patronale apolitique et dont les dirigeants doivent garder une impartialité et neutralité politique pour, en tant que partenaire social, agir efficacement aux côtés du gouvernement et des autres partenaires sociaux ».

Un président clivant

Par ailleurs, peu habile et dépourvu d’esprit de consensus, nous apprenons aujourd’hui qu’André Siaka avait eu du mal à gérer les fortes personnalités qui l’entouraient à la tête du Gicam. Cela ne manquera pas de susciter des lignes de fractures préjudiciables à la cohésion de ce mouvement patronal. Selon nos enquêtes, la première déchirure intervient à la fin des années 90, au sujet de la construction d’un siège au Gicam. Cette belle initiative, qui avait mobilisé beaucoup de moyens et suscité l’adhésion des ténors du patronat de l’époque, avait malheureusement été gérée de façon autoritaire et cacophonique. C’est tout naturellement que cette gestion querellée avait conduit au premier schisme du Gicam, en poussant certaines têtes fortes comme James Onobiono, Alphonse Bibéhè, Richard Lowe etbien d’autres grands noms de l’entreprise, à quitter le Gicam pour aller créer le Mouvement des entrepreneurs du Cameroun (Mecam). En effet, selon des sources concordantes :

« C’est l’arrogance d’André Siaka qui avait conduit à cette fracture. Laquelle avait fini par opposer les entrepreneurs aux salariés managers au sein du Gicam ».

Or André Siaka, qui était considéré à juste titre comme « un salarié manager » pour les membres de cette frange importante et représentative du patronat, ne tentera rien pour les retenir au Gicam et éviter ce schisme inutile. Bien au contraire, « ils seront stigmatisés, diabolisés et poussés à bout », nous confirme une source proche du Mecam.

La vraie fausse démission

En fin 2007, André Siaka prend de court tout le monde et annonce au Conseil exécutif du Gicam sa « démission ». Il décide alors de « placer » un successeur nommé André Fotso à la tête du mouvement patronal. Jeune entrepreneur inconnu, il avait pour seul mérite d’être originaire du village Bandjoun, comme André Siaka. A la suite de cette annonce tonitruante, certains membres influents du Conseil exécutif, pour le moins sidérés, opposent ouvertement à André Siaka une fin de non-recevoir.Charles Metouck et René Mbayen notamment, lui rétorqueront avec beaucoup de déception que « le Gicam n’est pas la chefferie Bandjoun ». Face au tollé suscité, et ce pour empêcher Protais Ayangma Amang, son vice-président d’accéder à la présidence du patronat, il revient sur sa décision de démissionner. Ce revirement pour le moins spectaculaire lui permettra de se maintenir illégalement pendant plus d’un an à la tête du Gicam.

La seconde fracture

Sans avoir véritablement tiré les leçons de la première fracture du patronat, André Siaka prendra le risque surréaliste d’organiser une seconde fracture en 2008. Ceci, en choisissant d’imposer Olivier Behlé à sa succession, sachant bien que ce dernier n’avait aucune légitimité ou assise financière lui permettant d’être accepté des patrons. En effet, Behlé n’est ni industriel reconnu par ses pairs, ni financièrement puissant.

Mais pour certains membres de ce mouvement patronal :

« Placer un individu à sa solde était pour lui une astuce pour mieux préparer l’arrivée trois ans plus tard d’André Fotso qui était son vrai candidat à la tête du Gicam ».

Pour ces mêmes membres, c’est ainsi que :

« Il décidera dès lors de tordre le cou aux dispositions statutaires, voire aux usages et à toutes les règles élémentaires de la démocratie associative. Ainsi, il avait décidé que la dévolution du pouvoir au Gicam, se fera à sa guise, quitte à ce que cela conduise à un second schisme ».

Pour certains observateurs avertis, cet état d’esprit va-t’en-guerre conduira inéluctablement à la fracture la plus importante du Gicam. A l’issue d’une consultation électorale chaotique et fortement querellée.

Protais Ayangma Amang, Jean Perrial Nyodog, Yves-Michel Fotso, Célestin Kamanou Tawamba, Noucti Tchokwago et Christophe Silenou, suivis de nombreux opérateurs économiques puissants, quittent le Gicam pour aller créer E-Cam. L’affaire des élections de 2008 produira un tel scandale et un tel émoi au Cameroun comme à l’étranger que le Gicam, de nouveau fracturé, entamera sa descente aux enfers. Elu plus tard à la tête du Gicam -comme prévu par André Siaka – et ayant connu entre-temps des problèmes de santé, André Fotso, ne parviendra pas à juguler ce passage à vide du principal mouvement patronal qui continue désespérément son délitement et son agonie. C’est après la mort d’André Fotso que peut commencer le redressement du Gicamavec l’arrivée de Célestin Tawamba, issu d’ECam, élu président en 2017. Il revenait ainsi au Gicam après le schisme de 2008 pour reconstruire un mouvement plus fort. Mieux, un Gicam influent et de retour sur la scène internationale (dans les patronats francophones), et au Cameroun, où il se fait entendre comme force de proposition économique crédible, et à l’influence restaurée. C’est ce Gicam à nouveau fort, influent et conquérant, qu’André Siaka, qui n’a jamais accepté son départ de cette institutiona décidé de récupérer, en revenant à travers un « totem » bandjounais.

Bandjounisation du GICAM

Pour André Siaka, à en croire un chef d’entreprise qui a requis l’anonymat, « le Gicam est une affaire de tontine Bandjoun ».

Aussi, après avoir « Bandjounisé le groupement tant au niveau du personnel que des adhérents, il n’a qu’une seule obsession aujourd’hui, conformément à la logique de la tontine : ramener un Bandjoun à la tête du Gicam ».

Tranche cet autre chef d’entreprise manifestement dépité originaire de la Mifi.

En réalité,André Siaka veut revenir à la tête du Gicam, notamment à travers un homme de paille, corvéable et malléable à souhait. Son choix s’est ainsi porté sur le gérant de Mit-Chimie, Emmanuel Waffo Foko. Cet illustre inconnu du monde économique, qui ne représente rien ni personne dans la vie politique et qui n’a pas de faits d’armes dans le patronat, en dehors d’une réputation de « porteur de sacs d’André Siaka », est en réalité sans envergure et sans charisme.

L’agitation observée depuis quelques semaines tenant lieu de campagne électorale aussi inopportune que désordonnée, expliquent à suffisance cette obsession maladive d’André Siaka de jouer au «parrain des affaires ». Ce qui fait dire à de nombreux adhérents : « Au secours : André Siaka est de retour au Gicam ». Alors question : réussira-t-il de nouveau à placer un Bandjoun ? L’histoire nous le dira en décembre prochain, date prévue pour l’Assemblée générale élective… Dans l’entourage d’André Siaka, si l’on ne dément pas la candidature d’Emmanuel Waffo Foko, l’on prend tout ceci pour du « kongossa ». L’on indique même que 2 « Bandjounais » sont en lice pour prendre la tête du Gicam.

Dans ce même entourage, l’on met à l’actif d’André Siaka, la construction du siège du Gicam et la mise sur pied du Centre d’arbitrage du Gicam qui permet aujourd’hui au mouvement inter patronal de régler ses différents sans passer par la justice.

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