Par un journaliste camerounais, Cameroun Liberty
Pendant que le monde avance à la vitesse de la fibre, le Cameroun, lui, semble s’enfoncer dans le brouillard numérique. Depuis plusieurs semaines, des régions entières sont plongées dans un silence digital total. Pas de WhatsApp, pas de réseaux sociaux, pas même un simple e-mail pour dire “Je vais bien.”
Des familles entières, des étudiants, des entrepreneurs et des journalistes vivent une coupure qui ressemble à une mise en pause forcée du pays.
Selon Cameroun Liberty, plus de 60 % du territoire serait encore partiellement déconnecté. Douala, Yaoundé, Kribi, Buea, Limbé… l’accès reste chaotique. Officiellement, il s’agirait d’une panne liée au câble sous-marin WACS. Officieusement, la coïncidence avec la période post-électorale du 12 octobre 2025 fait grincer bien des dents.
“On nous coupe la voix au moment où le peuple veut parler,” déclare un jeune blogueur de Yaoundé, avant que la connexion ne disparaisse.
Le monde connecté, le Cameroun déconnecté
En 2025, dans plus de 90 % des pays du monde, Internet est devenu l’oxygène du quotidien, un outil indispensable pour apprendre, travailler, créer, aimer, s’exprimer.
Mais au Cameroun, ce souffle vital s’essouffle.
Depuis les troubles post-électoraux du 12 octobre 2025, le pays est plongé dans une obscurité numérique qui paralyse la vie, les entreprises et les familles.
Des journalistes de Cameroun Liberty confirment que plusieurs villes restent toujours sans Internet : Yaoundé, Douala, Kribi, Maroua, Garoua… Des zones entières vivent au ralenti.
Pour des millions de Camerounais, le silence digital est devenu le symbole d’un pays suspendu, comme si toute une nation avait été mise sur “pause”.
Un luxe dans un monde connecté
Le contraste est saisissant.
Dans les pays à revenu élevé, 93 % de la population est connectée.
Dans les nations à revenu faible, à peine 27 %.
Le Cameroun, pourtant fier de sa jeunesse dynamique, se retrouve entre les deux mondes : trop avancé pour rester dans l’ombre, mais encore trop freiné pour briller.
Avoir Internet ici, c’est un luxe.
Dans d’autres pays en développement, c’est un outil classique, au Cameroun, c’est un privilège.
Et pourtant, la jeunesse camerounaise, elle, ne cesse d’innover : codage, influence digitale, création artistique, entrepreneuriat en ligne…
Cette jeunesse veut parler au monde, raconter ses douleurs, ses rêves, ses luttes.
Mais quand les câbles se taisent, les voix aussi.
Un pays sous tension
Depuis les élections contestées, les manifestations se multiplient.
Le régime de Paul Biya, à travers le gouvernement, a choisi la fermeté :
“La patience de l’administration a des limites… Force restera à la loi sans la moindre complaisance.”
Pendant ce temps, les organisations de la société civile dénoncent une volonté de contrôler l’information, sous couvert de « gestion technique ».
Officiellement, Camtel attribue la coupure à un incident sur le câble sous-marin WACS à Batoke, dans le Sud-Ouest.
Mais sur le terrain, les faits dépassent la technique : les coupures coïncident avec les manifestations, et les internautes parlent d’un “blackout politique”.
Une diaspora coupée du cœur du pays
Partout à Paris, Montréal, Bruxelles, Washington, la diaspora camerounaise tente désespérément de joindre ses proches.
Messages bloqués. Appels coupés. Vidéos impossibles à envoyer.
Un mur invisible s’est dressé entre ceux qui ont quitté le pays et ceux qui y restent.
“C’est comme si on nous avait arraché nos voix”, confie un jeune ingénieur basé à Yaoundé.
Ce sentiment d’isolement numérique alimente la colère, la peur, et une immense tristesse.
Parce que derrière chaque coupure, il y a une famille qui s’inquiète, un étudiant qui ne peut plus étudier, un journaliste réduit au silence.
Trop de sang, trop de silence
Les reporters de Cameroun Liberty le disent avec gravité :
“Trop de sang a coulé, trop de familles ont perdu des proches. Le Cameroun doit retrouver la paix, mais aussi sa voix.”
L’information n’est pas un crime.
Internet n’est pas une arme.
C’est un pont vers la vérité, vers la liberté, vers le monde.
Un appel à la diaspora
À tous les Camerounais de la diaspora, en Europe, en Amérique, en Afrique, en Asie :
ne détournez pas le regard.
Votre pays a besoin de vous, de votre voix, de votre relais.
Partagez, informez, témoignez.
Parce que tant que le Cameroun sera dans le noir, le silence ne doit pas gagner.
Cameroun Liberty reste debout
Malgré les menaces, les restrictions et les coupures, Cameroun Liberty continue d’informer, de documenter et de parler.
Pour que personne n’oublie ce qui se passe.
Pour que le monde entende ce cri venu d’Afrique :
“Nous voulons simplement être connectés… au monde, à la vérité, à la vie.”